Mont Misen, préfecture d'Hiroshima (Chûgoku)
Hiroshima

L’ascension du Mont Misen

En traversant le bras de mer séparant Honshu de Miyajima, la silhouette boisée du Mont Misen, qui culmine à environ 535m, est la première vision que vous aurez de l’île. Son ascension est une expérience qui revêt une dimension à la fois culturelle, spirituelle… et physique ! Elle offre, de surcroît, un panorama spectaculaire sur la mer intérieure de Seto et son chapelet d’îles.

Malgré cette introduction pleine de promesses, mon expérience de voyageuse n’a pas été aussi parfaite que je l’aurais souhaité… en grande partie de ma faute, il faut bien l’admettre. Soyons honnête: j’ai raté mon ascension du Mont Misen. Je ne suis pas arrivée jusqu’au sommet, malgré un bel effort physique sur le dernier tronçon. Si bien que j’ai le sentiment d’avoir manqué quelque chose, même si j’en garde globalement un bon souvenir. Installez-vous bien confortablement, je vous raconte tout…

Le parc Momijidani, au pied du Mont Misen

Après avoir participé à un atelier culinaire de fabrication de momiji manjû, Noriko et moi mettons le cap sur le parc Momijidani, étape incontournable de l’ascension du Mont Misen en téléphérique. Il est plus de 15h, le dernier téléphérique retour est à 17h… vous me voyez venir n’est-ce pas ?

Rencontre avec les biches de Miyajima

Sur le trajet vers le parc, nous croisons bien-sûr des hordes de touristes et… un troupeau de biches nihonjika peu farouches. Impossible de ne pas craquer devant la bouille adorable des faons, qui vous regardent avec douceur.

Biche nihonjika à Miyajima, préfecture d'Hiroshima

Comme le parc de Nara, l’île de Miyajima est peuplée de cerfs japonais (nihonjika) évoluant en totale liberté. S’il n’est pas rare de pouvoir en observer à l’état sauvage lors de l’ascension du Mont Misen à pied, les espaces urbains à eux seuls compteraient près de 200 individus. Ces derniers sont largement acclimatés à la présence humaine. Il est donc possible de les approcher de très près, voire de les caresser.

Biches nihonjika à Miyajima, préfecture d'Hiroshima

À Nara, on pouvait acheter des petits biscuits pour les nourrir, mais je n’ai rien vu de tel à Miyajima, et ce n’est sans doute pas plus mal. Un programme de régulation est en effet en cours, pour limiter leur prolifération dans les espaces urbains.

Au pied du Mont Misen

Le parc Momijidani en lui-même ressemble davantage à un sous-bois qu’à un « parc » tel qu’on pourrait le concevoir en Occident. Le jour de mon passage, le pic de coloration des momiji n’était pas encore à son apogée, à quelques exceptions près. Des carpes multicolores ondulaient dans l’eau limpide.

Momiji dans le parc Momijidani, Miyajima, préfecture d'Hiroshima

Il est assez surprenant de constater comme la coloration peut évoluer d’un arbre à l’autre, au sein d’un environnement pourtant strictement similaire. Quand certains érables sont d’un rouge éclatant, d’autres sont encore verts, tandis que d’autres encore sont déjà en train de perdre leurs feuilles, devenues marrons et cassantes.

Je n’avais pas d’attentes particulières sur le parc Momijidani, je n’ai donc pas été déçue, ni spécialement emballée. L’endroit se traverse relativement vite et ne m’a pas vraiment marquée, si ce n’est par son cadre apaisant, qui tranche avec l’ambiance de la zone commerçante. Mais il n’est pas tranquille pour autant!

L’accès au téléphérique se trouvant au milieu du parc, j’y ai croisé beaucoup de personnes revenant de leur propre ascension. Parmi elles: une famille thaïlandaise rencontrée le matin-même à l’auberge de jeunesse. J’étais donc ravie de les recroiser, mais ils semblèrent surpris de me voir commencer l’ascension si tard dans la journée. Ils me conseillèrent de me dépêcher si je voulais atteindre le sommet, ce qui me mit un premier « coup de pression ». Il était 15h30, et l’ascension risquait visiblement d’être plus longue que prévue.

Une ascension mouvementée

Le Mont Misen en téléphérique

N’y allons pas par quatre chemins, le coût de l’ascension du mont Misen en téléphérique n’est pas donné. À l’heure de mon arrivée, il n’y avait pas tellement de monde, mais il faut savoir que la montée se fait en deux parties, et que la correspondance peut donner lieu à quelques bouchons. Heureusement, ce désagrément est largement compensé par la vue que vous pourrez admirer, en particulier sur le deuxième tronçon.

Billet de téléphérique pour le mont Misen, Miyajima, préfecture d'Hiroshima

La première partie de l’ascension, qui va de la station Momijidani à la station Kayatani, s’effectue dans une petite cabine de 6 places, où vous serez confortablement assis et pourrez contempler la forêt en contrebas. Longtemps préservée de toute activité humaine, cette dernière a été inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1996, en même temps que le sanctuaire Itsukushima.

La deuxième partie, allant de la station Kayatani à la station Shishiiwa, se fait dans une cabine de téléphérique plus grande, pouvant accueillir une bonne dizaine de personnes (minimum), pressées l’une contre l’autre comme dans un métro à l’heure de pointe. Elle offre un panorama exceptionnel sur la mer intérieure de Seto. Vous étiez mal placé dans le téléphérique ? Pas de panique, vous pourrez profiter de la vue un peu plus loin…

Horaires : 

  • De mars à novembre : de 9h à 17h (dernier retour à 17h30)
  • De décembre à février : de 9h à 16h30 (dernier retour à 17h)

Tarifs : 

  • Aller-retour : ¥1840 par adulte, ¥920 par enfant
  • Aller simple : ¥1010 par adulte, ¥510 par enfant

Plus d’informations sur www.miyajima-ropeway.info

Mise à jour : mai 2020

L’observatoire de Shishiiwa

Nous voici donc enfin à la station de téléphérique de Shishiiwa, et le sommet du mont Misen n’a jamais été aussi près ! En quittant le petit bâtiment (qui dispose de consignes à bagages extrêmement utiles), on peut rejoindre l’observatoire éponyme en tournant immédiatement à gauche.

Observatoire Shishiiwa sur le mont Misen, Miyajima, préfecture d'Hiroshima

Comme indiqué sur la stèle de pierre, l’observatoire fait partie des équipements du Parc National de Seto Naikai, qui s’étend sur tout le pourtour de la mer intérieure de Seto, du Kansai à l’île de Kyushu. La vue y est absolument sublime, bien que mes photos ne lui rendent pas justice.

Vue sur la mer intérieure de Seto depuis l'observatoire de Shishiiwa, Miyajima, préfecture d'Hiroshima

De l’observatoire en lui-même, la vue s’étend de la baie d’Hiroshima aux îles de la mer intérieure: Ninoshima, Nômishima, Onasabishima… Grandes îles et petits cailloux solitaires s’égrènent jusqu’à l’horizon, où ils se fondent petit à petit dans le bleu du ciel. Je pourrais rester là des heures, à observer leurs silhouettes brumeuses, mais le temps file à toute vitesse! On touche là à mon plus grand regret, concernant cette ascension: la pression incessante du chronomètre.

Randonner vers le sommet du Mont Misen

À partir de la station Shishiiwa, on rattrape l’un des sentiers de randonnée menant au sommet du mont Misen sur la droite. La promenade se transforme alors en une épreuve physique éprouvante pour le visiteur trop pressé, le long d’un sentier constitué de nombreux escaliers qui montent (souvent) et descendent (parfois).
En vérité, la randonnée n’est pas si difficile que ça. Le problème, c’est de devoir la faire au pas de charge, tandis que la sirène indiquant l’imminence de la fin du service de téléphérique se met à retentir, à intervalles réguliers.

Panneaux de randonnée sur le mont Misen, Miyajima, préfecture d'Hiroshima

Plus on cherche à atteindre un lieu, plus il semble s’éloigner. Avec Noriko, nous convenons finalement de ne pas aller au-delà du premier temple, mais il est hors de question pour nous de descendre sans l’avoir vu. La petite phrase だいじょうぶ です (« daijôbu desu, ça va aller ») devient notre mantra. C’est drôle et épuisant à la fois.

Le Reikado, temple de la Flamme Éternelle

Beaucoup d’efforts et de transpiration plus tard, notre persévérance finit par payer! Nous nous trouvons enfin aux abords d’un temple bouddhiste, et pas n’importe lequel: le Reikado, qui abrite la Flamme Éternelle de Kobo Daishi. Il fait partie du temple Daisho-in.

Arrivée au Reikado sur le mont Misen, Miyajima, préfecture d'Hiroshima

Ce feu sacré, qui brûlerait depuis 1200 ans, alimente notamment la flamme du Parc de la Paix à Hiroshima. Une légende raconte que l’eau chauffée sur ce feu serait en mesure de guérir toutes les maladies.

Pavillon Reikado sur le mont Misen, Miyajima, préfecture d'Hiroshima
Statuettes bouddhistes sur le mont Misen, Miyajima, préfecture d'Hiroshima

Malgré la fatigue, je suis fière d’être parvenue à atteindre ce premier palier, et d’avoir vu le Reikado. J’aimerais aller plus loin, mais il est à présent 16h30 et il nous faut refaire le chemin en sens inverse, pour espérer attraper le dernier téléphérique… au risque de devoir redescendre la montagne à pied, à la tombée de la nuit. Le temps de retrouver notre souffle et de savourer cette petite victoire, Noriko et moi sommes déjà de retour sur le sentier tortueux, fatiguées, heureuses et déçues tout à la fois.

À notre grand soulagement, nous arrivons à la station Shishiiwa dans les temps, mais sans avoir rien savouré de la descente, ce qui reste encore aujourd’hui un énorme regret pour moi. Voilà pourquoi j’espère avoir un jour une deuxième chance de découvrir Miyajima et surtout le Mont Misen, sur un rythme plus serein. Une excellente excuse pour revenir dans la préfecture d’Hiroshima.

8 commentaires

  • Cécile

    C'est dommage. Pour avoir eu l'occasion de faire l'ascension jusqu'en haut, je peux te dire que tu ne regretteras pas ta prochaine tentative 😉
    Pour la prochaine, je te recommande vivement de passer une nuit (au moins) sur cette île ; c'est génial de déambuler dans les rues vidées des visiteurs de la journée. On y fait des rencontres surnaturelles !
    Merci pour ton récit en tous cas ; ça m'a rappelé de bons souvenirs.

  • Yoyo

    Tu es désormais prévenue pour la prochaine fois! Toutefois… c'est déjà une chance de l'avoir vu, même en coup de vent! Je me suis régalée avec tes photos!
    Croiser de biches à l'état sauvage ça doit être quelque chose… j'ai vraiment hâte de voir cela de mes propres petits yeux!! >_<
    Merci pour cette "demi" ascension Céci! Un vrai plaisir!

  • Unknown

    Oh, quel dommage… Mais se sera pour une prochaine fois. Pour ma part je l'ai grimpé en août 2011. Ce fut une aventure. J'étais partie pour prendre le téléphérique, mais il était en maintenance et donc je me suis dite : allez 1km d'ascension quand on vit dans une région de montagne, c'est rien… bein non, c'est du costaud, des marches super hautes à certain endroit, un pente raide parfois. Mais arrivé au temple puis au sommet… quel bonheur. Vos photos me rappellent mon voyage. Merci.
    P.S. : j'ai fait le retour à pied 😛

  • セシリア Céci

    Contente de t'avoir rappelé de bons moment Cécile, effectivement je pense que j'essaierai d'y rester plus longtemps, car l'endroit mérite d'être exploré calmement. Avec le recul, je réalise que je me suis mis beaucoup de pression sur cette excursion, et j'espère que la prochaine fois sera plus sereine, maintenant que j'ai expérimenté les activités qui me tenaient le plus à coeur.

  • セシリア Céci

    Aha merci de ce commentaire si positif Yo Yo, effectivement je n'ai pas à me plaindre, et la demi-ascension m'a quand-même réservé de chouettes moments, en particulier à l'observatoire de Shichiiwa où la vue était vraiment à couper le souffle !
    Les biches, ça fait vraiment partie des souvenirs qui marquent au retour de voyage : ajoute-les vite dans ta liste, allez hop hop hop !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.